L’avenir du plateau de Saint-Loup – Oscar Cherbuin, nouvellement élu au Grand Conseil vaudois et collaborateur au service du changement

vendredi 11/03/2022

A Saint-Loup il y a des diaconesses, des hôtes pour des séminaires et retraites, bientôt des couples, familles et célibataires pour former une communauté élargie… et autour, tout un plateau avec, par-là, un hôpital qui se vide, par ici, une école qui se construit, là encore une cuisine qui se transforme… En tout, 11 bâtiments représentant plus de 40’000 m2 de plancher et un périmètre de 20 hectares dont 15 en champs et forêt, patrimoine de l’Institution des diaconesses de Saint-Loup, qui ouvre petit à petit ses portes aux projets d’avenir.

Oscar Cherbuin

Oscar, vous arrivez à Saint-Loup comme coordinateur du programme de développement « Avenir Saint-Loup ». Il est question de Communauté et de Village thérapeutique, quel est le lien entre les deux ?

Que se cache-t-il derrière ces 2 termes ? Quelle est la Vision des diaconesses pour un avenir radieux sur le Plateau… telle est la question !

Simplement, je dirais que la volonté des diaconesses a toujours été d’être au service de la population en prodiguant des soins. L’avenir ne sera pas différent. L’idée est de mettre une Communauté et le site de Saint-Loup à disposition de la population et plus particulièrement des personnes les plus fragilisées de notre société. Offrir un lieu de paix et de prière qui permettent aux patients de se restaurer et de retrouver du sens à leur vie, tout en proposant un nouveau modèle de société, plus solidaire et plein de compassion.

Dès lors, la Communauté veut créer un esprit de village, tourné vers des soins thérapeutiques, témoignant de la volonté de créer du lien entre les personnes, dans le respect et l’écoute.

Et vous comment êtes-vous impliqué dans ce programme ? Et que fait le coordinateur lorsqu’il est à Saint-Loup ?

En conduisant de nombreux projets pendant 11 ans en qualité de Directeur de l’Association régionale du district de Morges ARCAM, j’ai acquis une expérience du terrain et développé un réseau de contact avec les communes et le Canton. Depuis juin 2021, je mets à disposition de la Communauté mes compétences et mon expérience.

Dans ma fonction de coordinateur, j’orchestre la gestion des projets, les coordonner dans le temps pour assurer la transition souhaitée, tout en gardant une logique et un équilibre financier. Il faut relever que le programme « Avenir Saint-Loup » est ambitieux. Cependant, la Communauté se donne les moyens de ses ambitions. Pour cela, elle a constitué un groupe de travail qui œuvre au quotidien à construire sa Vision.

En effet, par l’engagement du pasteur Philippe Bottemanne et de sa femme Maya, la Communauté attend déjà l’arrivée de ses prochains membres, ce qui annonce le renouveau pour accompagner la Vision des diaconesses. Cela renforce aussi le travail déjà réalisé par Anne-Lise Sprunger et son équipe dans le cadre du Ministère à la Montagne de prière.

De plus, Mme Perrine Nissels a été appelée en qualité de chef de projet pour développer un « Concept Santé » qui permettra au site de voir arriver de nouvelles prestations, notamment au service des personnes fragilisées. Mme Olivia Staub a également pu conduire un stage professionnel dans le cadre du renouvellement de l’infrastructure « cuisine ».

Alors que la Communauté élargie entretient ses candidats et discute de ses fondements, que savons-nous déjà du Village thérapeutique ? Les premières pierres sont-elles déjà visibles ?

Sur le site, les hôpitaux sont encore bien présents et la construction de l’école de soins et santé communautaires ESSC approche. Il faudra prévoir de l’hébergement pour les personnes en formation et nous transformerons prochainement le bâtiment Les quatre Vents à cet effet.

Il y a aussi la rénovation de la cuisine, qui est actuellement exploitée par les eHnv. A terme, il faudra prévoir un transfert de ces activités. Nous étudions également une idée de coopérative agricole pour assurer un approvisionnement régional et développer un concept d’économie circulaire.

En mars 2021, la Communauté a récupéré le bâtiment du Nozon, qui a été aménagé depuis pour accueillir les groupes et séminaires. Le bâtiment Germond va également être remis prochainement et nous devons y songer et lui trouver une nouvelle affectation. Il faudra aussi revoir l’utilisation du bâtiment Butini, qui pourrait accueillir notamment une partie des nouveaux membres de la Communauté.

Cependant, pour devenir un vrai village, il faudra aussi proposer une boulangerie, des ateliers artisanaux, du maraichage et tant d’autres activités associatives. Nous sommes en phase d’initialisation sur plusieurs de ces projets et les réflexions sont encore ouvertes.

Le départ des eHnv en 2025, c’est l’occasion de réinvestir les lieux. Les bâtiments qui reviennent aux mains de l’Institution sont-ils accueillants ?

Tout d’abord, le départ des hôpitaux et l’arrivée d’une école de 1’500 élèves dans le domaine des soins et de la santé ne peut être perçu comme une fin mais bien comme un tournant. De plus, avant d’être le site d’un hôpital régional, le Plateau de Saint-Loup a d’abord été celui d’une Communauté de diaconesses qui a su, toute au long de son histoire riche de 180 ans de services, donner sans compter pour apporter soins et réconfort aux personnes qui en avaient besoin. Lieu à part, le site apporte paix intérieure et ressourcement à ceux qui s’y trouvent. Au-delà du regard bienveillant et empreint de charité des diaconesses, le cadre est unique.   

Certes, avec le départ programmé des hôpitaux, il n’y aura plus de soins aigus à terme, mais, sur la base d’une approche holistique, la vocation du site sera maintenue et même renouvelée. D’autres prestations de soins seront proposées à la population et viendront occuper les lieux. Dès lors, les locaux sauront trouver une occupation adaptée.

J’imagine qu’il y aura de nouveaux besoins financiers ? Quand et comment un appel au don sera lancé ?

La remise en état de certains bâtiments, la réaffectation de certains autres, impliqueront indéniablement des réinvestissements importants. Nous devons donc appréhender ces changements et les inclure dans un plan de financement global.

Même si la Communauté s’est engagée avec tout son cœur et ses moyens dans l’accomplissement de sa Vision, cela ne suffira pas pour financer les importants investissements projetés. Il faudra faire appel à la générosité de donateurs pour la mise en œuvre du programme. Mais pour l’heure, il est encore trop tôt pour dire quoi, combien et surtout quand ces moyens seront nécessaires. Les premiers investissements seront consentis dans la rénovation de la cuisine et la transformation du bâtiment Les quatre Vents. Un montant de près de 8 millions sera déjà nécessaire pour cette étape.

Bien sûr, tout cela ne se fera pas non plus sans des soutiens financiers extérieurs.

Qu’est-ce qui vous fait croire en cet avenir bénissant (et guérissant !) pour le plateau de Saint-Loup ?

Saint-Loup a toujours été apprécié par les habitants de la région et l’annonce du départ des eHnv a soulevé des craintes. Par contre, lorsque nous présentons la Vision, les gens sont rassurés et même emballés. Ils sont prêts à nous soutenir et nous font part de leur enthousiasme. Nous avons aussi le regard positif des communes et des différents acteurs concernés, ainsi que l’accompagnement des eHnv qui collaborent étroitement pour permettre à ce tournant de se faire dans les meilleures conditions. Ils resteront, à mon avis, des partenaires liés au futur de ce site. Quel dessin d’avenir réjouissant !

Devant tant de bonnes volontés, j’y crois.

Selon vous, qu’aurait pensé le fondateur Louis Germond de, je vous cite, « ce dessin d’avenir réjouissant » ?

Louis Germond a été en son temps un précurseur et un réformateur. Il aurait certainement participé très activement à ce dessin et se serait réjoui de voir Saint-Loup poursuivre ses missions de bienfaisance au service de la population.

Notre monde a plus que jamais besoin de compassion, de lumière et de prière. Toutes ces valeurs restent actuelles. Certes elles sont vécues aujourd’hui à Saint Loup dans des formes différentes de l’époque de Germond. Non seulement par les sœurs mais aussi grâce à la collaboration de nombreux bénévoles ou salariés : dans l’accueil et l’écoute des personnes à la recherche d’un sens à leur vie, d’un temps de prière et de ressourcement.

D’ailleurs, constamment Germond a rendu grâce à Dieu pour cette lumière de la communion fraternelle qu’il a allumé à Saint Loup et appelle à vivre un vrai esprit de famille.